LES ARTISTES DU CARREFOUR DES ARTS
   
Pierre LECLERC , peintures
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Né à Roubaix en 1928, il a suivi les cours des Beaux Arts de Roubaix et un jour il subit un choc profond en voyant « Les trois musiciens » de Picasso.

Il prit alors ses pinceaux et se mit au travail, composant avant tout des natures mortes directement influencées par Braque et Picasso.
Vers la fin de la guerre, il fait la connaissance de Pierre Jansen qui est le musicien du groupe (il a composé les musiques des films de Claude Chabrol) et de Michel Delporte, le philosophe, deux personnes qui compteront beaucoup pour lui et qui le soutiendront toujours.

En  septembre 1946 a lieu le premier accrochage au Salon des Artistes Roubaisiens, il a 18 ans.




Il ne songeait pas encore à l’art non figuratif. En se décantant de plus en plus de l’influence cubiste, il est arrivé au plan seul, puis aux lignes et aux taches. Il partait toujours d’un objet mais cet objet devenait plan pour s’achever enfin en une tache s’intégrant dans ce paysage plastique qu’est tout œuvre d’art.

C’est alors que Pierre Leclercq connut une période très géométrique, analogue à celle qui inspira les toiles du peintre hollandais Piet mondrian.


Les toiles de cette époque se caractérisent avant tout par une volonté de rigueur. On sent le peintre soucieux de s’imposer une discipline avide et austère, recherchant avant tout un style d’une grande pureté.

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Après avoir donné ses derniers feux à l’abstraction géométrique, les peintures qu’il présente à une nouvelle exposition en 1958 sont proches de la perfection plastique, d’une couleur plus sensible, l’atmosphère s’allége, l’espace s’aère. Pendant plusieurs années, il va pénétrer son univers intérieur, marquer les limites de sa propriété. Il se voit repoussé, exclu de la scène car on ne lui pardonne pas sa fierté solitaire et son intransigeance envers la mode.

Il pourra faire le point en exposant à la Galerie Camion à Paris en 1963. Dans une époque où tout se défait, Pierre Leclercq va chercher au cœur de sa nuit, au plus profond de son rêve, les liens de lumière qui vont tout renouer dans l’imaginaire.
En 1969, il fait partie de l’exposition inaugurale de la Galerie Septentrion de la Fondation Prouvost à Bondues, dans le Nord, avec ses amis du Groupe de Roubaix et en 1971, il y présente sa 1ère rétrospective de 25 ans de peinture.




Après ce retour sur le travail accompli, le cheminement reprend et en 1973, il est invité avec Paul Hemery, son ami peintre, par l’union des Arts Plastiques Polonais à participer à un « Plener », sorte de symposium international qui se déroule au château de Frombork, la ville où mourut Copernic, il est ainsi représenté au Musée de Frombork par plusieurs toiles.
Cette époque polonaise laissera des traces décisives sur toute la suite de ses peintures. L’intense luminosité des ciels, les étendues d’eau ventées des grands lacs le font renouer avec « cet accord secret entre l’homme et la nature ». Il dit « J’avais sous les yeux ce vieux rêve : celui que je faisais à 20 ans et que le temps avait enfoui dans la nécessité de faire vivre une famille… c’était la liberté de l’art ».


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Toujours nostalgique de ce pays, il y retourne en touriste et, en 1980, le Ministère Polonais de la Culture l’invite de nouveau en tant qu’hôte d’honneur étranger. Il expose à Frombork où plus de 3.000 personnes verront ses œuvres. Avec amertume, il dit   «Je n’ai pu être considéré comme un vrai peintre qu’en Pologne »
En 1983, il prend sa retraite et quitte le Nord pour la Touraine où il s’établit près d’Amboise.
Il s’éloigne des lieux d’expositions jusqu’au jour où le rappelle la Fondation Septentrion en 1986 pour une grande rétrospective des membres du Groupe de Roubaix, reconstitué à cette occasion.
A partir de cette époque, l’attention qu’il porte à la vie silencieuse des choses familières va influer sur son travail et clarifier sa vision.






La vigueur des tomates, des poivrons, l’éclatante beauté des citrouilles s’accordent parfaitement avec les toiles de 1950 dans une continuité qui nous permet de suivre l’enchaînement de sa progression artistique et révèle aussi une aspiration à la perfection picturale que Léonard de Vinci a recherché avant lui à Amboise. Comme il l’avait écrit en 1946 dans un de ses poèmes : «Les couleurs sont folles de douleur, les toiles se sont déchirées, les pinceaux s’éteindront… car le Maître est mort. »

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Pierre Leclercq s’est éteint brutalement le 22 novembre 2002
en ayant encore tant d’oeuvres dans la tête…

Pierre Leclercq était membre du Groupe de Roubaix (voir ci-dessous).


     

LE GROUPE DE ROUBAIX

La présence à Roubaix d’industriels collectionneurs et de galeries audacieuses a permis d’encourager, sous le nom du GROUPE DE ROUBAIX, la réunion d’artistes qui peuvent paraître parfois très différents les uns des autres, mais qui animèrent ensemble un mouvement plus proche de la tradition associative que de l’esprit d’une école aux canons stylistiques fixés.

1946-1953

Dés 1946, les noms du sculpteur Eugène Dodeigne (23 ans) et des peintres Eugène Leroy (36 ans) et Pierre Leclercq (18 ans) figurent au catalogue du 21ème Salon de la Société des Artistes Roubaisiens, laquelle a le privilège d’organiser son exposition annuelle à l’Hôtel de Ville de Roubaix.
Comme à Paris au siècle précédent, être admis par le jury de ce Salon très officiel, fondé en 1910, est la condition impérative pour être considéré comme un véritable artiste.
Arthur Van Hecke y fait son entrée trois ans plus tard et y obtient une médaille.
En mai 1952, parmi les nouveaux adhérents à la Société des Artistes Roubaisiens, on relève les noms de Debock, Delporte, Hémery et Roulland.
L’intransigeance esthétique et le chauvinisme du président de la société les font démissionner en bloc.

1954-1967

La Galerie Dujardin, une des plus anciennes galeries françaises, va accueillir les dissidents et rassemble une douzaine d’exposants d’âges et de styles variés : Leroy, Leclercq, Delporte, Dodin, Van Hecke, Hémery, Roulland, Jacob, Coopman, Brunbrouck, Parenthou et Sirejacob.
C’est le vrai début de l’aventure collective.

« La Voix du Nord » du 7 mai 1958 par la plume de son critique d’art R.Quesnoy écrit : « Cette exposition est très riche, on aimerait y passer de longs moments, cherchant à percer plus à fond le « secret » de chaque artiste. Laissons nous aller au pur domaine de la sensation, nous aurons tous notre saoul de plaisir esthétique, la couleur est aimée pour elle-même. »
A partir de septembre 1959, entre les expositions permanentes et les accrochages collectifs, la Galerie Renar présente les « douze » abstraits. Le public emboîte le pas des collectionneurs réputés.

1998

Bruno Gaudichon, le conservateur du nouveau Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix présente pour la première fois 135 œuvres en une exposition-bilan du « Groupe de Roubaix ».
C’est à l’occasion de la mémorable dispersion aux enchères de la collection du Peignage Amédée à la Fondation Prouvost, qu’il a retracé avec une rare intelligence le parcours de ce groupe. Il a remarqué que ce groupe était cohérent par : l’esprit de groupe (ils sont tous originaires du Nord), le traité du paysage (les théories de Lhote), la lumière et la matière (présentes dans toutes les œuvres), un moderne impressionnisme (ils s’inscrivent dans l’expressionnisme flamand) et l’expression d’une intimité secrète (avec une lente maturation en atelier)

Roubaix et ses artistes ont eu un rôle initiateur dans l’avènement d’un art moderne septentrional français, fidèle à la tradition nordique de l’affirmation du rôle essentiel de la matière et de la lumière.

 

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